(Québec) Alors que la pénurie d’infirmières fragilise les services en obstétrique dans plusieurs régions, l’Ordre des sages-femmes du Québec demande au gouvernement Legault d’élargir, sans délai, le champ de pratique des sages-femmes pour qu’elles puissent prêter main-forte au réseau. Québec solidaire en fait une proposition officielle.

La formation politique propose de moderniser la Loi sur les sages-femmes pour étendre leur pratique à la santé de la femme en général et non seulement aux actes liés à la grossesse et à l’accouchement. On demande également d’y intégrer le pouvoir de prescription et d’abroger le délai de suivi postnatal pour l’élargir.

« Il faut que le gouvernement reconnaisse l’importance que peuvent jouer les sages-femmes dans la crise qu’on vit actuellement dans nos services en obstétrique », a fait valoir la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien. Une démarche appuyée par l’Ordre des sages-femmes du Québec (OSFQ).

Selon la députée, offrir plus de responsabilités aux sages-femmes donnerait « une bouffée d’oxygène » aux équipes en place qui sont débordées.

Plusieurs établissements ont composé avec des ruptures de services en obstétrique au cours de l’été, comme à Chibougamau et à Matane. L’interruption de services à l’hôpital de Ville-Marie, au Témiscamingue, en vigueur depuis avril, a été prolongée vendredi jusqu’au 19 novembre. « Dans ma région, c’est catastrophique », déplore Mme Lessard-Therrien.

Le dépistage et le traitement d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), la contraception et les suivis d’allaitement sont autant de tâches dont les sages-femmes pourraient s’acquitter pour désengorger le réseau.

La députée demande aussi que les sages-femmes puissent assurer la santé postnatale de la mère et son enfant jusqu’à l’âge de 5 ans, y compris la vaccination. L’exercice de la profession, selon la loi, se limite pour l’heure au suivi de grossesse, à l’accouchement et au suivi pendant les six premières semaines de la période postnatale seulement.

« Il faut qu’elles puissent prendre en charge davantage les aspects qui ont trait à la santé des femmes et pas seulement l’accouchement », illustre Mme Lessard-Therrien.

L’OSFQ abonde dans le même sens : « On a des professionnelles en place qui sont extrêmement compétentes, mais qui n’ont pas l’autorisation d’appliquer [leurs] connaissances à la population en général. […] Faire un Pap test à une femme enceinte ou pas enceinte, la technique est la même », soutient la présidente, Julie Pelletier.

Une pétition en faveur de l’élargissement du champ de pratique des sages-femmes, marrainée par Émilise Lessard-Therrien, a été publiée sur le site de l’Assemblée nationale.

Attirer des candidates

La profession de sage-femme n’échappe cependant pas à la pénurie de main-d’œuvre. Une quarantaine d’ententes avec des établissements de santé ne seraient pas entièrement comblées à l’heure actuelle, selon l’OSFQ.

Élargir le champ de pratique des sages-femmes « est aussi une façon d’attirer de nouvelles candidates et de les retenir », assure Mme Pelletier. « [Des sages-femmes] quittent la profession parce qu’elles ne peuvent pas faire autre chose », argue-t-elle.

Il serait aussi moins difficile de les attirer en région, estime pour sa part Mme Lessard-Therrien. « Comme elles ne peuvent pas faire beaucoup de choses, elles ont besoin de beaucoup de volume. C’est pour ça qu’elles sont davantage concentrées dans les grands centres », souligne la députée de Québec solidaire.

L’OSFQ regroupe 278 sages-femmes, dont 180 seulement sont actives présentement au Québec.